PRESENTATION GENERALE :

La Tunisie , officiellement République tunisienne, pays d'Afrique du Nord baigné, au nord et à l'est, par la mer Méditerranée, limité par la Libye au sud, et par l'Algérie à l'ouest. La Tunisie, qui couvre une superficie de 164 418 km², est la plus ancienne entité politique du Maghreb. Sa capitale est Tunis. Ouvert sur le monde méditerranéen, à la pointe occidentale de l'Afrique du Nord, le pays accueillit sur son sol de grandes civilisations : phénicienne, romaine et arabo-musulmane. Premier pays du Maghreb à avoir été arabisé, la Tunisie, devenue indépendante en 1956, apparaît aujourd'hui comme un pôle de stabilité dans la région.

 

CLIMAT :

Le climat de la Tunisie, du fait de sa longue façade maritime et des faibles altitudes, est de type méditerranéen. Les températures atteignent une moyenne de 10,6 °C en janvier et de 26,1 °C en juillet. Le nord du pays est assez bien arrosé ; la saison des pluies, d'octobre à mai, est relativement longue. En se dirigeant vers le sud, le climat devient progressivement plus chaud et plus sec.Les précipitations moyennes annuelles sont d'environ 610 mm, avec une forte variabilité. Elles diminuent vers le sud, et ne représentent qu'environ 178 mm par an dans le Sahara.

RESSOURCES :

    La flore de Tunisie, dans les régions côtières, est semblable à celle de l'Europe du Sud. Les régions fertiles et bien arrosées du Nord se caractérisent par leurs nombreux vignobles et par leurs forêts denses de chênes-lièges, de pins et de genévriers. Plus au sud, la végétation, adaptée aux conditions climatiques semi-arides, est de type steppique avec une dominance de l'alfa. Dans les régions arides de l'extrême Sud, les oasis sont plantées de palmiers-dattiers. Hyènes, sangliers, chacals et gazelles comptent parmi les représentants d'une faune assez abondante.

    Le pétrole offshore et les phosphates sont les principales ressources minérales de la Tunisie. Les gisements de phosphates se situent dans le sud du pays.

VILLES:

  La capitale, et plus grande ville de Tunisie, est Tunis, port maritime, avec une population estimée à 1,4 million d'habitants. Les autres grandes villes sont Sfax, Sousse et Bizerte. Ces villes n'ont cessé de croître depuis l'indépendance, celles de province ayant un rythme de croissance inférieur à celui de la capitale, qui reste le centre politico-administratif et économique du pays.

LANGUES ET RELIGIONS :

L'arabe est la langue officielle de la Tunisie, mais le français est parlé sur tout le territoire. L'islam est religion d'État, et ses fidèles constituent la quasi-totalité de la population. Les musulmans tunisiens se rattachent à la branche sunnite de l'islam. 85 p. 100 sont de rite malikite, majoritaire dans les pays du Maghreb, et 15 p. 100 de rite hanafite

ARCHITECTURE :

La part du secteur agricole dans le PNB a été divisée par 3 en trente ans, passant de 56 p. 100 en 1960 à 16 p. 100 en 1994. L'agriculture ne fut cependant jamais sacrifiée au profit de l'industrie, comme cela fut le cas en Algérie, par exemple. Depuis l'indépendance, un ambitieux programme de construction de barrages et de développement de l'irrigation a ainsi été entrepris. La Tunisie, autrefois « grenier à blé » de l'Empire romain, a une tradition agricole au moins deux fois millénaire.

    Les principales cultures ont été maintenues au fil des siècles. La céréaliculture, avec notamment la culture du blé, tendre et dur, et de l'orge, occupe aujourd'hui le tiers des terres cultivées. De grandes plaines céréalières s'étendent au nord du pays. L'arboriculture est également très développée. Cinquante-cinq millions d'oliviers sont cultivés dans le pays, essentiellement dans le Sahel tunisien, au centre-est du pays. La Tunisie est l'un des plus grands producteurs mondiaux d'huile d'olive. Les agrumes sont cultivés dans la péninsule du cap Bon, au nord-est du pays. Quant aux dattes, elles sont la principale ressource agricole des oasis du Sud. Ces trois produits sont en grande partie destinés à l'exportation. L'élevage, pour sa part, concerne les ovins, dont le nombre de têtes s'élève à 6,60 millions. La pêche, qui bénéficie de la longue façade maritime, se concentre sur certaines régions poissonneuses comme le golfe de Gabès. Les prises atteignaient 89 027 tonnes en 1997.

INDUSTRIES:

Bien qu'elle ne soit pas aussi riche en pétrole que ses voisins libyen et algérien, la Tunisie possède plusieurs gisements importants, terrestres et offshore, concentrés dans le sud du pays. Un nouveau champ pétrolier était ouvert en 1995. Les réserves, assez modestes, étaient estimées à 57 millions de tonnes en 1994, pour une production de 4,5 millions de tonnes, qui couvre largement les besoins du pays. La Tunisie possède en outre les gisements de phosphates les plus importants du monde dans la région de Gafsa, dans le sud-ouest du pays (6,5 millions de tonnes en 1995). Les autres ressources minières sont le fer, le plomb et le zinc.

La Tunisie étant un petit pays aux besoins modestes, l'industrie est essentiellement tournée vers l'extérieur. Ainsi, les industries de base, utilisant les matières premières locales, agroalimentaire, sidérurgie, métallurgie et chimie, autant que les industries de biens de consommation, textile, cuirs et chaussures, ont été encouragées par le gouvernement tunisien à exporter. Si l'industrie textile s'est beaucoup développée, grâce, notamment, aux faibles coûts salariaux, les industries lourdes, en revanche, n'ont pas échappé à la crise mondiale.

    Le secteur le plus intéressant pour la Tunisie demeure le tourisme, première source de devises du pays et principal secteur d'investissements. En 1999, 0,49 millions de touristes européens (Allemands, Italiens, Français) et maghrébins (Libyens, Algériens) ont séjourné en Tunisie.

HISTOIRE:

- La Tunisie Carthaginoise  :

La région de Gafsa est associée à une civilisation pré-néolithique appelée Capsien (environ 7 000 av. J.-C.), fondée sur l'exploitation des mollusques (« escargottières »), et qui s'est propagée dans tout le nord du Sahara. Le peuplement de la Tunisie, issu de la migration des populations libyques venues du Sud, probablement les ancêtres des Berbères, est attesté au moins 4 000 ans av. J.-C. La première grande civilisation que connaît le pays est celle que fondent les Phéniciens sur les côtes, peuple sémite originaire de Syrie et du Liban. Dominant le commerce maritime en Méditerranée, ils établissent des comptoirs en Afrique du Nord, parmi lesquels Utique vers 1100 av. J.-C., dans le nord-est de la Tunisie. En 814 av. J.-C., est fondée Carthage, au nord-est de l'actuelle Tunis. Durant les siècles suivants, Carthage se trouve au cœur d'un empire puissant qui domine la majeure partie de l'Afrique du Nord et règne même sur le sud de la péninsule Ibérique, la Sardaigne et une partie de la Sicile. Cet empire règne essentiellement sur l'espace littoral et maritime, mais ne s'étend pas vers l'intérieur du pays. À partir de 264 av. J.-C., Carthage affronte l'Empire romain, alors en pleine expansion, au cours des guerres puniques. Durant la dernière de ces guerres, Rome vainc les Carthaginois et détruit entièrement leur capitale, en 146 av. J.-C. Du IIe siècle av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C., l'essentiel du territoire formant l'actuelle Tunisie est intégré à la province romaine d'Afrique, qui entreprend la colonisation de la partie basse du pays en développant l'agriculture. Les régions montagneuses, restées aux mains des Berbères demeurent toutefois réticentes à la domination romaine.

    Au cours du Ve siècle, alors que l'Empire romain, soumis aux invasions barbares, décline, les Vandales, peuple germanique traversent la péninsule Ibérique, franchissent la Méditerranée et arrachent la province d'Afrique aux Romains. Après un siècle d'occupation vandale, de 430 environ à 534, le pays est conquis par le général byzantin Bélisaire.

- La conquête musulmane :

Le pays, très urbanisé sur les côtes et en grande partie christianisé, est envahi par les Arabes musulmans au VIIe siècle, qui le dirigent jusqu'au début du XVIe siècle. Durant cette période, les populations urbaines adoptent progressivement le mode de vie musulman, qui se substitue à la culture chrétienne byzantine. Les conquérants se heurtent d'abord aux Berbères, mais l'islamisation est relativement rapide. En 670, Kairouan devient le centre des expéditions lancées contre le nord et l'ouest du Maghreb. L'islamisation s'accélère après la prise de Carthage par les Arabes, en 698, et la fondation du camp militaire de Kairouan. De 800 à 909, l'Ifriqiya (actuels Tunisie, Tripolitaine et Est algérien) est gouvernée depuis Kairouan par les Aghlabides, qui ont fait allégeance au califat abbasside de Bagdad. Le centre du pouvoir se déplace vers l'Égypte, lorsqu'avec l'aide de tribus berbères les Fatimides chiites renversent les Aghlabides. À partir de 972, cependant, la Tunisie musulmane est gouvernée par des Berbères opposés à la domination politique arabe, les Zirides d'abord, puis les Almohades marocains.

Durant la dernière partie du XIIe siècle, les Normands, commandés par le souverain sicilien Roger II, occupent temporairement plusieurs points stratégiques de la côte. En 1228, les Hafsides, qui ont fait allégeance aux Almohades, se déclarent indépendants. Ils règnent jusqu'en 1534 sur le prospère royaume de Tunis, qui donne son nom à la Tunisie.

- La Domination Ottomane :

En 1534, Tunis est enlevée par le pirate Khayr al-Din Barberousse. Il en est chassé par l'armée de Charles Quint dès 1535 ; les Hafsides sont rétablis mais le pays est placé sous la tutelle de l'empereur d'Espagne. La domination de la Tunisie par les Espagnols est brève car, en 1574, les troupes de l'Empire ottoman vainquent les Espagnols et établissent leur hégémonie sur la Tunisie. De 1574 à 1881, sous les Turcs ottomans, la Tunisie jouit d'une relative stabilité. L'autorité impériale est exercée par des administrateurs locaux, connus sous le nom de deys de Tunis jusqu'en 1705, puis de beys. Le bey Hussein ibn Ali, qui règne de 1705 à 1740, fonde, en 1710, la dynastie des Husseinites, qui se maintient sur le trône jusqu'en 1957.

    La Tunisie acquiert alors une grande autonomie par rapport à l'Empire ottoman, auquel elle est toujours rattachée, et connaît une nouvelle prospérité, nourrie pour une large part par la piraterie. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle et au XVIIIe, plusieurs nations maritimes, parmi lesquelles les colonies américaines, versent leur tribut au gouvernement tunisien pour se prémunir contre toute agression au cours de leurs expéditions en Méditerranée. Au début du XIXe siècle, cependant, les marines européennes, auxquelles se sont joints des navires américains, anéantissent la piraterie méditerranéenne, attaquant Tunis et les autres bases des corsaires établies dans les États barbaresques d'Afrique du Nord.

Privé de ses revenus de la piraterie, le gouvernement tunisien se trouve rapidement très endetté. La crise financière est aggravée par les extravagances des beys et par la nécessité pour les gouvernements d'effectuer de fréquentes et coûteuses représailles contre les soulèvements des rebelles. Les principaux créanciers de la Tunisie sont la France, l'Italie et la Grande-Bretagne. Or, chacun de ces pays nourrit des ambitions impérialistes en Afrique du Nord.

- Le protectorat français

En 1830, la France conquiert et annexe l'Algérie. En 1869, l'État tunisien, ruiné, doit accepter l'instauration d'une commission de contrôle financière, au sein de laquelle siègent l'Italie et la Grande-Bretagne, sous la présidence de la France. Le pays est, de fait, sous la tutelle occidentale. Au congrès de Berlin, en 1878, la Tunisie fait l'objet de tractations entre les puissances européennes : la France se voit donner toute latitude pour coloniser le pays ; elle reconnaît en échange la domination britannique sur Chypre. L'Italie, présente en Libye, convoite cependant toujours la Tunisie. Prenant leur rivale de vitesse, les troupes françaises interviennent à partir de l'Algérie, sous prétexte de mater la rébellion des tribus kroumirs, des Berbères des hauts plateaux, accusées de pénétrer sur le territoire algérien. Le 12 mai 1881, le bey signe le traité du Bardo, qui reconnaît l'établissement du protectorat français en Tunisie : les affaires étrangères et la défense de la régence passent sous le contrôle de la France. Le traité est complété par la convention de la Marsa, signée par les deux pays en 1883.

Le protectorat est à l'origine de profonds changements politiques et sociaux, quoique le régime tunisien se soit occidentalisé dès 1861 avec l'adoption d'une Constitution. À partir de 1884, un résident général français gouverne le pays, dont le bey demeure le souverain nominal. Un nombre significatif de colons s'établissent dans la région côtière du nord du pays, occupant les fonctions administratives et dirigeant les entreprises. Influencés par le mouvement nationaliste et moderniste des Jeunes-Turcs et par le nationalisme arabe, et sensibilisés aux idéaux démocratiques européens, des représentants de l'élite s'organisent. En 1907 est fondé le parti des Jeunes-Tunisiens que les autorités françaises parviennent d'abord à étouffer. De 1914 à 1921, le pays est placé sous état d'urgence, la presse anticolonialiste interdite. De nombreux dirigeants nationalistes sont arrêtés. Toutefois, en 1920, plusieurs groupes nationalistes s'unissent pour former le Destour (Constitution), qui prône de profondes réformes démocratiques. En 1934, une scission provoque la création du Néo-Destour, dirigé par Habib Bourguiba. Ce mouvement regroupe les nationalistes favorables à une ouverture sur l'Occident. Les deux mouvements sont interdits en 1938, après des émeutes à Tunis. Bourguiba est incarcéré durant cinq ans.

- L'accession à l'indépendance

Durant la Seconde Guerre mondiale, la Tunisie joue un rôle important dans les opérations militaires menées par les Alliés contre les puissances de l'Axe. Après qu'en novembre 1942 les forces alliées ont débarqué en Algérie et au Maroc, les armées allemandes occupent le pays. Au terme de plusieurs mois de combats, les forces alliées repoussent les troupes ennemies jusqu'à la presqu'île du cap Bon. Le 12 mai 1943, les Allemands capitulent. Cette reddition signifie la défaite finale des puissances de l'Axe en Afrique du Nord. Le 15 mai, les Alliés transfèrent l'autorité en Tunisie à la France libre. Sans attendre, les autorités françaises procèdent à l'arrestation de centaines de sympathisants nationalistes, qui ont cru trouver des alliés à leur lutte dans les puissance de l'Axe, et déposent le bey régnant, Moncef Bey, jugé pro-allemand, pour le remplacer par Lamine Bey. Cette intervention française suscite un profond ressentiment au sein de la population tunisienne, qui a dans sa majorité, de même que les nationalistes, soutenu la reconquête alliée.

    En 1945, le général de Gaulle propose à la Tunisie le statut d'État associé au sein de l'Union française. Cependant, Bourguiba, de retour au pays en 1949, intensifie sa campagne pour l'indépendance de la Tunisie, en s'appuyant notamment sur l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), dirigée par Ferhat Hached. En 1952, la lutte pour l'indépendance prend un nouveau tour après les arrestations de Bourguiba et des chefs nationalistes et la dissolution forcée du gouvernement Chenik, qui s'est ouvert au Néo-Destour et a élaboré un mémorandum sur l'autonomie interne. Les indépendantistes prennent les armes contre le colonisateur tandis qu'à l'opposé, l'organisation « la Main rouge », créée par des colons extrémistes, lance une campagne terroriste contre les nationalistes, dont l'une des premières victimes est Ferhat Hached.

    Émeutes populaires anti-françaises, attentats nationalistes et antinationalistes, tentatives de réformes proposées par les Français se succédent, menant la Tunisie au bord de la guerre. Le 31 juillet, Pierre Mendès France, nouveau président du Conseil français, se rend lui-même dans le pays et promet, dans un discours prononcé à Carthage, l'autonomie interne. Bourguiba, qui est invité à participer aux négociations, juge cette déclaration acceptable et les émeutes stoppent. Le 3 juin 1955, le Premier ministre tunisien Tahar ben Amar et le successeur de Mendès France, Edgar Faure, signent une série de conventions consacrant l'autonomie tunisienne. Le 17 septembre, pour la première fois en 74 ans, est installé à Tunis un gouvernement composé exclusivement de Tunisiens.

    Le 20 mars 1956, un nouvel accord abroge le traité du Bardo de 1881 et reconnaît la Tunisie comme une monarchie constitutionnelle entièrement souveraine. Les premières élections législatives de l'histoire tunisienne, organisées le 25 mars, donnent une large victoire au Néo-Destour. Le 8 avril, Habib Bourguiba est élu président de la première Assemblée nationale tunisienne ; le 11 avril, il est nommé Premier ministre. L'Assemblée adopte une Constitution transférant au peuple tunisien les pouvoirs législatifs. Le 12 novembre 1956, la Tunisie est admise aux Nations unies.